Je était une autre : Quand la violence faite aux femmes résonne bien au delà du couple
- marie-anne schonfeld
- 16 mai
- 2 min de lecture

J'ai vu le film Je était une autre, un film sur les violences faites aux femmes. Mais plus encore, un film sur ce que la violence laisse derrière elle : des traces invisibles, profondes, chez les femmes qui l’ont subie, ainsi que sur les différents témoins ( enfants, famille, ami.es)
Ce film ne se contente pas de raconter. Il répare. Il donne à entendre des voix longtemps tues, les voix de sept femmes qui ont été victimes et qui décident de témoigner au grand jour. Il transforme, chez celles et ceux qui regardent, la perception d’un phénomène encore trop souvent mal compris : la violence au sein d’un couple.
L’emprise : le mécanisme silencieux qui précède la violence
L’une des grandes forces de ce film est de mettre en lumière que la violence ne commence pas par les coups ou les insultes. Elle s’installe souvent peu à peu, par l’emprise. "Quand le premier coup arrive il est déjà trop tard", comme le dit l'une des femmes de ce documentaire, l'agresseur a déjà assuré l'emprise sur sa proie. Le système d'emprise est un processus progressif, qui déstabilise, isole, diminue.
Comprendre ce processus d'emprise nous permet de sortir du jugement envers les victimes, parfois perçues comme “faibles” ou “passives”. Les femmes témoignent du travail de destruction préalable à la violence physique, sur un temps long, ce qui permet de mieux comprendre ce qui rend les départs si difficiles dans ces contextes de violence
Cette compréhension est essentielle non seulement pour les victimes, mais aussi pour les témoins.
La question des enfants
Les enfants exposés à la violence intra familiales ne sont jamais de simples témoins. Même si les coups ne les visent pas, ils en portent les conséquences. Ils vivent dans un climat de peur, de confusion, d’insécurité
Ce film, sans les mettre directement au centre, parle aussi pour eux. Il permet de mettre des mots là où, souvent, il n’y en a pas eu. Et il ouvre une voie : celle d’une reconstruction possible, même tardive. Il permet aussi, pour certains, de faire un pas vers la compréhension de qui la difficulté de la fuite.
Les temoins : ceux qui ont vu, mais n’ont pas su
Autre silence abordé de manière subtile : celui des proches. Ceux qui savaient, ou pressentaient, mais n’ont pas su quoi faire. Ceux qui ont jugé, fui, ou au contraire tenté d’agir en vain. Le film leur tend aussi un miroir. Non pour les accabler, mais pour les intégrer dans une vision plus large de la responsabilité collective.
Car si la violence est exercée par un individu, sa persistance est souvent rendue possible par des silences. Le film rappelle que la lutte contre les violences faites aux femmes dans le couple n’est pas qu’une affaire privée. Elle est aussi politique, sociale, collective.
Lien vers le site du film
Comments